Buzz : Regardez Thomas Pesquet voler devant la Lune !

  • il y a 7 ans
Un astronome amateur français a réussi à filmer à haute résolution le passage de la Station spatiale internationale devant le premier quartier lunaire.

Le 4 février dernier, l’astronome amateur français Thierry Legault a filmé la Station spatiale internationale alors qu’elle passait exactement au milieu du premier quartier lunaire. La résolution est remarquable, aussi bien sur notre satellite, dont on peut admirer les cratères et les chaînes montagneuses vertigineuses, que sur la Station spatiale internationale, dont les principaux modules et les vastes panneaux solaires sont identifiables. Thierry Legault étant alors installé au sud de Rouen, ville dont l’astronaute Thomas Pesquet est originaire, on peut imaginer que celui-ci était à ce moment-là juste derrière l’un des hublots de la station et regardait sa ville natale…

À peine une demi-seconde ! C’est le temps qu’il faut au petit point de la Station spatiale internationale pour traverser le premier quartier lunaire. Cet assemblage hétéroclite de modules pressurisés et de panneaux solaires, en orbite à près de 400 kilomètres d’altitude au-dessus de nos têtes, se déplace en effet à 28 000 km/h et il ne lui faut que quelques minutes pour glisser d’un bord à l’autre du ciel lorsqu’il nous survole. Le disque lunaire complet ne mesurant qu’un demi-degré de diamètre apparent, donc deux fois moins pour la largeur du quartier, on peut vraiment dire que la Station spatiale internationale file devant lui en un clin d’œil. La trajectoire de la station dans le ciel dépendant de la position géographique de l’observateur, il faut bien sûr calculer très précisément l’endroit où il convient de se situer pour avoir une chance de la voir passer juste devant notre satellite naturel. Fort heureusement, il existe de très bons sites web pour calculer ce genre de choses – le plus connu et efficace est CalSky – et il ne reste plus alors qu’à se déplacer et à espérer que la météo sera favorable.

Thierry Legault est le spécialiste mondial de ce genre de photographies. En fait, depuis plusieurs années, il est celui qui a montré avec ses images qu’il était possible de détailler la Station spatiale internationale depuis le sol avec une lunette ou un télescope d’amateur. Et il a sans cesse repoussé les limites du genre en photographiant ou en filmant la station avec une résolution croissante lors de ses passages – on parle de transits – devant la Lune et le Soleil, allant jusqu’à se déplacer à l’étranger pour réaliser de telles images lors des éclipses par exemple. De nombreux astronomes amateurs pratiquent aujourd’hui cette activité sur toute la planète grâce à ses tentatives novatrices, ce qui l’incite à se lancer régulièrement de nouveaux défis. Dans le cas présent, il souhaitait figer le passage de la station devant la Lune alors qu’elle était encore éclairée par le Soleil, ce qui n’arrive que lors des survols se produisant à l’aube ou au crépuscule. Cela permet de voir bien plus de détails sur la station, mais cela complique énormément la réalisation pratique. « J’ai déjà fait beaucoup d’images de transits de l’ISS devant la Lune la nuit, en ombre chinoise, mais très peu quand elle est éclairée par le Soleil, car cela n’arrive qu’à l’aube ou au crépuscule dans des conditions qui se révèlent souvent très délicates, m’a expliqué Thierry Legault. J’en avais, notamment, fait un en Australie, en 2012, avec une petite lunette, mais je voulais utiliser un télescope puissant pour voir la Lune entièrement avec une belle résolution et pour capter plus de lumière et de détails sur la station spatiale. »

Pas besoin de partir à l’étranger cette fois puisque les calculs initiaux montraient qu’il lui serait possible de tenter l’aventure à deux reprises en France au début du mois de février : « j’avais deux opportunités intéressantes, l’une du côté de Lyon et l’autre juste au sud de Rouen. Intéressantes car, la Lune étant haute dans le ciel lors de ce premier quartier, la Station spatiale internationale serait également haute dans mon ciel pour ces transits, elle serait donc plus proche de moi et sa taille apparente sur le capteur de l’appareil photo serait plus grande, mais elle irait aussi plus vite ! » Deux jours après un déplacement en région lyonnaise gâché par une couverture nuageuse complète, Thierry Legault se retrouvait donc le 4 février en fin d’après-midi au sud de Rouen : « Le temps était perturbé, je voyais les nuages arriver à l’horizon en attendant le transit et le ciel s’est totalement couvert vingt minutes après. Je me suis installé le long de l’A13, à l’extrémité d’une aire d’autoroute. Le ciel était encore bleu et je ne pouvais donc pas vérifier le réglage précis de l’optique du télescope de 356 millimètres de diamètre en pointant une étoile, ce qu’il faut généralement faire après un déplacement en voiture qui peut secouer l’instrument. J’ai juste installé mon matériel à l’abri du vent grâce au hayon de ma voiture et j’ai fait la mise au point.

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